Édition du lundi 30 avril 2018
Assises de l'eau : le gouvernement se contentera-t-il d'une consultation des maires via internet ?
C’est une forme originale de communication directe avec les maires qu’a inaugurée, jeudi dernier, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu : une déclaration en vidéo, sur YouTube, afin de lancer une consultation « pour tous les élus » sur la gestion de l’eau. Les maires sont donc appelés à se prononcer en ligne, pendant un mois (jusqu’au 25 mai), afin de préparer les Assises de l’eau. Ils découvriront dans ce questionnaire que le gouvernement a, visiblement, décidé avec un peu d’avance que les communes ne peuvent plus gérer l’eau et l’assainissement !
Cette annonce intervient quelque jour après que le gouvernement a officialisé le « comité de pilotage dédié au renouvellement des réseaux d’eau et d’assainissement ». Le ministère a également installé au poste de « coordinateur général » de la première phase des Assises de l’eau, le président du Conseil national de l’eau, Jean Launay.
Dans son « adresse » en vidéo, le secrétaire d’État s’adresse à ses « chers collègues élus locaux » – rappelons qu’il a été maire de Vernon et président du conseil départemental de l’Eure. Il rappelle que la compétence eau et assainissement est « avant tout une compétence du bloc local », et que les Assises de l’eau vont servir à « imaginer des outils de diagnostic, d’ingénierie financière et technique », afin « d’aider les élus locaux à exercer cette compétence cardinale ».
De « nouveaux enjeux » sont apparus, explique Sébastien Lecornu, avec la lutte contre les fuites, la construction d’unités d’assainissement plus performantes, l’amélioration du rendement. Il faut donc « mettre autour de la table l’ensemble des acteurs du monde de l’eau ». Et le secrétaire d’État énumère : « ONG, associations, entreprises, AMF, AdCF, France urbaine, Régions de France ».
Le secrétaire d’État a donc voulu « une consultation directe, au plus près des territoires, pour savoir ce que vous attendez sur l’aide que l’État peut vous apporter sur l’application de cette compétence ». Néanmoins, Sébastien Lecornu le dit clairement : il est inutile d’espérer des rallonges financières sur ce sujet, au moment où le budget des agences de l’eau se voit siphonné par les gouvernements depuis plusieurs années. « Il y a des attentes financières, je ne l’ignore pas. Mais nous avons un enjeu de diminution de la dépense publique. Nous devons continuer à investir autant, voire investir plus, en diminuant la dépense publique. » Pour cela, il préconise d’en appeler « à de nouvelles solutions venant de la finance privée, de la Caisse des dépôts ».
Les maires sont donc appelés à trouver de nouveaux moyens pour financer ces compétences et en commençant par« prendre quelques minutes » pour répondre à un questionnaire, dont les réponses permettront « d’écrire ensemble la politique de l’eau pour les années qui viennent ».
Ce questionnaire (accessible en suivant le lien ci-dessous), très court, pose une vingtaine de questions aux maires, leur demandant un diagnostic sur l’état de leur réseau d’eau et d’assainissement, une évaluation de leurs connaissances du sujet, leurs attentes sur le rôle de l’État. Au-delà du fait que l’État dispose déjà d’un observatoire de l’eau avec Sispea, on notera dans ce questionnaire en ligne un oubli pour le moins étonnant : à la troisième page, il est demandé « qui gère l’eau dans votre commune ? », avec six réponses possibles : « Communauté de commune, d’agglomération, urbaine, métropole, syndicat de communes, syndicat mixte ». Autrement dit : la réponse « Commune » n’existe tout simplement pas. Or, il est peut-être utile de rappeler que premièrement, le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement prévu par la loi Notre est prévu… dans deux ans seulement, en 2020 ; et deuxièmement, qu’une proposition de loi actuellement en discussion au Parlement ouvre la possibilité, conformément à une promesse présidentielle, à un report de ce transfert à 2026. En remplissant ce questionnaire, à la préparation duquel l’AMF n’a pas été associée, les maires seront fort surpris de constater que le gouvernement a tout bonnement fait disparaitre la gestion de l’eau par les communes, avec au moins deux ans d’avance.
La première séquence des Assises de l’eau, qui vient de débuter, durera jusqu’en juillet, date à laquelle un relevé de conclusions sera rendu.
Cette annonce intervient quelque jour après que le gouvernement a officialisé le « comité de pilotage dédié au renouvellement des réseaux d’eau et d’assainissement ». Le ministère a également installé au poste de « coordinateur général » de la première phase des Assises de l’eau, le président du Conseil national de l’eau, Jean Launay.
Dans son « adresse » en vidéo, le secrétaire d’État s’adresse à ses « chers collègues élus locaux » – rappelons qu’il a été maire de Vernon et président du conseil départemental de l’Eure. Il rappelle que la compétence eau et assainissement est « avant tout une compétence du bloc local », et que les Assises de l’eau vont servir à « imaginer des outils de diagnostic, d’ingénierie financière et technique », afin « d’aider les élus locaux à exercer cette compétence cardinale ».
De « nouveaux enjeux » sont apparus, explique Sébastien Lecornu, avec la lutte contre les fuites, la construction d’unités d’assainissement plus performantes, l’amélioration du rendement. Il faut donc « mettre autour de la table l’ensemble des acteurs du monde de l’eau ». Et le secrétaire d’État énumère : « ONG, associations, entreprises, AMF, AdCF, France urbaine, Régions de France ».
Le secrétaire d’État a donc voulu « une consultation directe, au plus près des territoires, pour savoir ce que vous attendez sur l’aide que l’État peut vous apporter sur l’application de cette compétence ». Néanmoins, Sébastien Lecornu le dit clairement : il est inutile d’espérer des rallonges financières sur ce sujet, au moment où le budget des agences de l’eau se voit siphonné par les gouvernements depuis plusieurs années. « Il y a des attentes financières, je ne l’ignore pas. Mais nous avons un enjeu de diminution de la dépense publique. Nous devons continuer à investir autant, voire investir plus, en diminuant la dépense publique. » Pour cela, il préconise d’en appeler « à de nouvelles solutions venant de la finance privée, de la Caisse des dépôts ».
Les maires sont donc appelés à trouver de nouveaux moyens pour financer ces compétences et en commençant par« prendre quelques minutes » pour répondre à un questionnaire, dont les réponses permettront « d’écrire ensemble la politique de l’eau pour les années qui viennent ».
Ce questionnaire (accessible en suivant le lien ci-dessous), très court, pose une vingtaine de questions aux maires, leur demandant un diagnostic sur l’état de leur réseau d’eau et d’assainissement, une évaluation de leurs connaissances du sujet, leurs attentes sur le rôle de l’État. Au-delà du fait que l’État dispose déjà d’un observatoire de l’eau avec Sispea, on notera dans ce questionnaire en ligne un oubli pour le moins étonnant : à la troisième page, il est demandé « qui gère l’eau dans votre commune ? », avec six réponses possibles : « Communauté de commune, d’agglomération, urbaine, métropole, syndicat de communes, syndicat mixte ». Autrement dit : la réponse « Commune » n’existe tout simplement pas. Or, il est peut-être utile de rappeler que premièrement, le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement prévu par la loi Notre est prévu… dans deux ans seulement, en 2020 ; et deuxièmement, qu’une proposition de loi actuellement en discussion au Parlement ouvre la possibilité, conformément à une promesse présidentielle, à un report de ce transfert à 2026. En remplissant ce questionnaire, à la préparation duquel l’AMF n’a pas été associée, les maires seront fort surpris de constater que le gouvernement a tout bonnement fait disparaitre la gestion de l’eau par les communes, avec au moins deux ans d’avance.
La première séquence des Assises de l’eau, qui vient de débuter, durera jusqu’en juillet, date à laquelle un relevé de conclusions sera rendu.
F.L.
[Mise à jour du 9 mai : au lendemain de la parution de cet article de Maire info, le ministère a rectifié cette erreur.]
Accéder au questionnaire du gouvernement.Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
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